L’histoire du Vicariat Apostolique de Rodrigues
L’Eglise de Rodrigues fut érigée en Vicariat Apostolique le 8 décembre 2002, le jour de l’ordination épiscopale de Mgr Alain Harel, premier évêque de Rodrigues. Le Pape Jean Paul II après prit cette décision suite à une demande qui lui fut adressée par Mgr Maurice E. Piat, Evêque de Port Louis, concernant un souhait formulé officiellement par les chrétiens de Rodrigues.
En effet, cette demande avait été faite à deux reprises : une première fois devant le cardinal Tomko en visite à Rodrigues en 1997. Antoinette Prudence avait formulé la demande en ces termes : « Eminence, nous avons un souhait, ou bien plus, une question à vous poser. En raison de notre expérience d’Eglise, de la pratique qui existe chez nous, est-ce possible de doter d’un statut spécial l’Eglise qui est à Rodrigues ? Il s’agit d’une reconnaissance d’un fait.»
Et la deuxième fois la demande a été faite devant Mgr Maurice E. Piat, lors de la promulgation des orientations synodales le 15 août 2000. Les forces vives de l’Eglise à Rodrigues avaient demandé qu’un statut plus officiel soit accordé à l’Eglise qui est à Rodrigues, “afin qu’elle soit davantage reconnue dans ce que le Seigneur lui donne de vivre et qu’elle puisse ainsi enrichir l’Eglise Universelle d’une expérience nouvelle.”
Cette question fut étudiée par les évêques de la Conférence Episcopale des Iles de l’Océan Indien (CEDOI) lors de la rencontre annuelle en mai 2001. Pour donner suite à l’avis favorable recueilli auprès des évêques de la CEDOI, Mgr Maurice E. Piat fit une demande formelle auprès du Saint Siège pour que la portion du diocèse de Port-Louis constituée par l’île Rodrigues soit détachée et devienne un Vicariat Apostolique.
Dans l’organisation de l’Eglise Universelle, un Vicariat Apostolique est une circonscription ecclésiastique qui dépend directement du Saint Siège, avec habituellement un évêque à sa tête. Mais elle n’est pas un diocèse à part entière, parce qu’elle ne dispose pas encore du personnel et des ressources financières nécessaires pour remplir pleinement la mission de l’Eglise sur son territoire.
C’est ainsi qu’en demandant au Saint Siège que l’Ile Rodrigues soit érigée en Vicariat Apostolique, Mgr Maurice E. Piat a pris, en même temps, l’engagement que le diocèse de Port-Louis continuerait à soutenir le Vicariat Apostolique de Rodrigues du point de vue financier, et en ce qui concerne le personnel ecclésiastique. Cet engagement durera jusqu’à ce que Rodrigues devienne pleinement autonome dans ces deux domaines.
La demande que l’île Rodrigues soit érigée en Vicariat Apostolique a coïncidé avec les multiples démarches qui ont abouti à l’avènement de l’Autonomie de Rodrigues au sein de la République de Maurice. L’Eglise a toujours œuvré pour que les Rodriguais deviennent les agents de leur propre développement et a soutenu tous les efforts déployés dans ce sens. C’est pourquoi le Diocèse de Port-Louis a soutenu la demande des fidèles de Rodrigues et se réjouit que le Saint Siège reconnaisse que l’Église à Rodrigues ait atteint un stade de maturité qui lui permet de prendre sa place comme Eglise Particulière avec sa personnalité propre au sein de la Conférence Episcopale des Iles de l’Océan Indien.
Les raisons pour être érigé en Vicariat Apostolique
- L’Eglise qui est à Rodrigues a un style qui lui est propre. Elle a des traditions particulières et certains mouvements qui lui sont propres. Sa manière de vivre, de fonctionner et d’exercer sa mission est originale, imprégnée de ce qu’il y a de meilleur dans la culture rodriguaise. Elle mérite d’être mieux reconnue et mise en valeur.
- Il y a également à Rodrigues une longue tradition d’engagement des laïcs à la fois pour l’animation des structures d’Église et pour assurer aussi une présence active des chrétiens qui témoignent de leur foi en Jésus Christ au cœur de la société rodriguaise. Les mouvements d’Action Catholique de Rodrigues (la LOAC, JOC et l’ACE) qui ont beaucoup travaillé dans ce sens, sont déjà reconnus sur le plan international comme des mouvements autonomes à part entière. Ce qui montre que plusieurs organismes d’Eglise reconnaissent la contribution particulière que l’Eglise de Rodrigues peut apporter dans des forums internationaux.
- Les vocations féminines sont nombreuses à Rodrigues. Il y a aussi deux prêtres rodriguais missionnaires : le Père Luc René Yong Chen Yin en Chine et le père Lelio Prudence à l’île Maurice. Au grand séminaire de Nantes, il y a le séminariste rodriguais Jean Rex Casimir qui se prépare au sacerdoce.
- Déjà, depuis plusieurs années, les Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) accordent des subsides ordinaires spéciaux à l’Eglise de Rodrigues, ce qui montre que les besoins spécifiques de l’Eglise de Rodrigues sont tenus en ligne de compte par les autorités du Saint Siege, qui gèrent cette solidarité inter- églises.
- Enfin, lorsque pour préparer le grand jubilé de l’An 2000, Mgr Maurice E. Piat a décidé de convoquer un synode diocésain, il a tenu à ce que la spécificité de l’Église à Rodrigues puisse s’exprimer à travers des commissions spéciales et même une assemblée spéciale du synode pour Rodrigues. L’excellent travail accompli par ces commissions et cette assemblée a abouti à cinq orientations spéciales pour Rodrigues qui ont été promulguées par Mgr Maurice E. Piat le 15 aout 2000 à Rodrigues.